22/04/2014

On trouve de tout à la Samaritaine


 ...même des pelleteuses !

Deuxième chantier le plus important en plein centre de Paris (après les Halles - je vais m'y risquer à en parler un jour !), la Samaritaine était un ancien grand magasin parisien qui a fermé ses portes en 2005 pour être réhabilité en un complexe de bureaux, hôtel, logement, crèche et j'en passe; mené par LVMH propriétaire des lieux et les architectes japonais de l'agence SANAA.

La Samaritaine, c'était un peu mon grand magasin préféré, pour mes 20 ans j'avais acheté mon cadeau d'anniversaire et c'était un peu la fête quand j'y achetais quelque chose (période estudiantine...). Il y a plusieurs bâtiments, qui se répartissaient sur deux ilots et la rue de Rivoli serait moribonde sans les façades polychromes de la Samaritaine.

Créé en 1870, ce grand magasin s'est développé progressivement, engloutissant les bâtiments voisins comme le décrit si bien Zola dans son livre "Au Bonheur des Dames" et trouve son occupation finale jusqu'en 1932. Cela en fait un laboratoire architectural en plein Paris, traversant les styles architecturaux du début du XXe siècle, du style haussmanien de la fin du XIXe siècle à celui de l'art déco des années 30 en passant par le style art nouveau du début du XXe siècle.

PlanSamaritaine 
 ©Wikipedia


Le site internet dédié à la Samaritaine (et l'exposition sur place, à l'angle de la Rue de Rivoli et de la rue de l'Arbre Sec) montre bien les différentes évolutions du magasin, et comment étaient annexés les immeubles aux alentours.



L'architecte Frantz Jourdain a rénové certains bâtiments à partir de 1904 et a réalisé un bâtiment à la verrière et aux façades les plus emblématiques de la Samaritaine, dans le style art nouveau, que l'on peut voir rue de la Monnaie et rue de Rivoli: menuiseries en fer forgé, bandeaux avec enseignes en céramique, marquises vitrées...



 Photo prise lors de la Nuit Blanche, en 2004

Henri Sauvage quant à lui aura réalisé le bâtiment à partir de 1926 dans un style art déco en vogue à l'époque. Il n'hésite pas à sacrifier les deux coupoles art nouveau aux angles du bâtiment pour construire à la proue de l'ilôt un ensemble monumental qui s'impose sur le quai du Louvre au bord de la Seine. Il reconstruira également le magasin 3 près de la Rue de Rivoli (occupé à présent par un magasin Etam).
Par conséquent sur les deux ilôts occupés par la Samaritaine, il existe une juxtaposition intéressante de bâtiments et de façades, modifiés au cours du temps.

Après avoir eu quelques rénovations plus ou moins heureuses dans les années 70/80, le magasin ferme ses portes en 2005 pour des problèmes de mise aux normes de sécurité. Un projet est donc lancé pour réhabiliter les bâtiments de la Samaritaine et reconfigurer tout l’ilot des magasins 2 et 4.

Car actuellement les parisiens (comme moi-même) ont pu voir une étonnante vision rue de Rivoli: en effet les anciens bâtiments du magasin 4 ont été démoli pour permettre la construction du bâtiment conçu par SANAA. Etonnant car le chantier a la taille de travaux que l'on verrait à Berlin ou à Londres...mais me direz-vous, comment a-t-on pu démolir une partie de la Samaritaine ??

Et bien attention car les journaux relayent l'information avec un peu de sensationnalisme ("on rase la Samaritaine") et mélangent tous les différents bâtiments, un peu comme votre cervelle d'ailleurs quand vous voyez cela rue de Rivoli au détour d'une virée shopping.



Les bâtiments du magasin 4 étaient constitués d'anciennes maisons du XVIIe siècle agrandies au XVIIIe siècle (un peu rafistolées), et de bâtiments haussmanniens, dont ne subsistait parfois que la façade (ce qu'on appelle le "façadisme"), la structure intérieure ayant été complètement remodelée à une époque plus contemporaine.


A gauche, les immeubles voués à la démolition rue Baillet en 2011. Au fond on peut voir deux personnes (sans doute de la sûreté du site) car elles n'avaient pas l'air d'apprécier que je prenne quelques photos le nez en l'air - preuve que le sujet était déjà délicat...

Les façades des bâtiments démolis rue de Rivoli (google maps)


Photos prises en 2014, depuis la rue de Rivoli

La question de la démolition dans Paris est toujours compliquée et décriée, ce qui explique les rebondissements judiciaires actuels: deux associations de protection du patrimoine parisien ont demandé récemment l'annulation du permis de construire, qui finalement a été rejeté.

Personnellement sans juger de la qualité esthétique du projet de SANAA (je demande à voir, mais après avoir constaté la qualité du bâtiment du Louvre Lens, j'espère que cela sera du même ordre pour ce projet >voir ici ), je pense que l'ilôt et la Samaritaine gagnera en cohérence urbaine et révelera les trois autres bâtiments...Réponse en 2016.




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