11/12/2011

Goude to go



"je suis obsédé par la forme comme tous les artistes",
Jean-Paul Goude, intervew RFI



Ca y est, les musées semblent se retourner vers les décennies 70/80, en pleine période postmoderne, où l'art, la pub et l'architecture s'entichent d'un certain ironisme à coup de styles foufous géométriques et de couleurs primaires. Ras-le-bol du moderne et du style international abstrait et conceptuel, hop on se retourne vers les ornements, les références historiques, et on s'en amuse à les placer sur des théières ou des immeubles d'habitation, quitte à ce que tout cela ne renvoie à rien. Du pastiche pour le fun, "less is a bore" ("moins c'est ennuyeux") comme dira l'architecte Venturi; avec plus ou moins de succès...

Vanna Venturi House, 1964

Karl Lagerfeld dans son intérieur décoré "Memphis", 1981
Photo Jacques Schumacher



Et c'est un peu pour ça que ce courant polémique (c'est un peu moche ?) m'intéresse particulièrement.

A l'heure où les Halles de Paris des années 70 sont en train d'être démantelées, les musées exposent timidement du mobilier Memphis ou les quartiers dessinés par Boffil; et tout le monde s'entend que ça ne vieillit pas très bien...Mais après l'exposition Dreamlands à Beaubourg l'année dernière, où l'on pouvait redécouvrir les travaux de Robert Venturi&Denise Scott Brown et sur l'architecture populaire de l'Amérique consumériste (Las Vegas, quoi !), se tient cette année à Londres l'exposition "Postmodernism, style and subversion 1970-1990" au Victoria&Albert Museum, et à Paris la rétrospective "Goudemalion" sur Jean-Paul Goude aux Musée des Arts Décoratifs.

Piazza d'Italia, Nouvelle-Orleans, USA, par Charles Moore & Urban Innovations Group, 1975-77

Je n'ai pas encore eu le temps de voir la première (à Londres le mois dernier j'ai préféré filer voir celle sur Koolhaas au Barbican!) mais si quelqu'un m'indique que l'exposition répond à ma question existentielle du pourquoi du comment les immeubles des années 80 sont tous carrossés comme des salles de bains, je suis preneuse !

Bref, tout cela pour situer le contexte du travail de Mr Jean-Paul Goude, qui offre aujourd'hui une rétrospective enthousiasmante au Musée des Arts Décoratifs à Paris. Publicitaire renommé, Jean-Paul Goude a façonné inconsciemment notre manière de voir les images et les publicités, avec des visuels terriblement efficaces et identifiés. Photos déformées à coup de scotch, dessins, maquettes, carnets de préparation du défilé du 14 juillet à l'occasion du bicentenaire en 89, débordent de créativité, d'humour et de spontanéité. Immanquable également, son travail avec Grace Jones, qui symbolise presque à elle toute seule cette époque, tellement Goude avait réussi à synthétiser l'air du temps avec elle. C'est peut-être une incarnation de ce type qui a manqué aux architectes postmodernes ?


Photos Jean-Paul Goude

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